Structuur, structure et l’utilisation des plans

par | Fév 7, 2017

Pas plus tard que ce matin, un débat a éclaté chez un client d’Ex Abrupto à propos d’un article paru sur ce blog. L’occasion de revenir avec un peu plus de recul sur une question délicate: la méthodologie des journalistes et copywriters.

 

En 2014, nous nous interrogions sur les différences de méthodologie entre rédacteurs francophones et néerlandophones dans notre beau pays. À l’époque, notre thèse était que l’étape de préparation d’un plan semblait moins répandue au Nord du pays qu’au Sud. Le constat partait de plusieurs années d’expérience dans un contexte bilingue, et n’avait bien sûr aucune prétention scientifique. Simplement un partage d’expérience destiné à ouvrir le débat.

Ich bin ein Flämisch

Naturellement, en trois ans, l’expérience accumulée permet d’effectuer de nouveaux constats:

  1. Les expériences accumulées depuis avec des rédacteurs néerlandophones confirment la difficulté d’une majorité d’entre eux à travailler sur base de plans. Ce qui n’est pas sans poser de nombreux problèmes pratiques lorsqu’il s’agit de travaux complexes comme des livres blancs, piliers indispensables d’une bonne stratégie d’Inbound Marketing. Difficile en effet de préparer un briefing complet sur ce genre de matière à moins d’effectuer l’entièreté du travail de débroussaillage. Les discussions sur base de plans représentent à cet égard un palliatif bien commode, du moins si le rédacteur a l’habitude de travailler de cette manière.
  2. En revanche, force est de constater que la pratique du plan est moins répandue que nous ne le pensions dans les verts bocages de Wallonie. La jeune génération, en particulier, se montre rétive à ce genre de méthodologie. Un constat parfaitement en ligne avec notre précédent article, qui soulignait déjà l’absence d’ouvrages scientifiques sur la méthodologie de l’écriture dans le monde francophone. Malgré tout, elle reste – en tout cas selon nos observations – plus répandue en Wallonie qu’en Flandre.

Le bilinguisme, un atout de plus en plus indispensable

En revanche, les rédacteurs néerlandophones regagnent des points en matière de bilinguisme. La création de contenu dans les deux langues gagne en effet en efficacité à trois conditions:

  1. Les rédacteurs chargés d’interviewer des experts sont bilingues. Il est en effet rare, surtout au sein d’une organisation, de disposer dans les deux rôles linguistiques d’experts dans tous les sujets qui touchent au business de l’organisation. La capacité d’un journaliste ou d’un rédacteur à mener des interviews dans les deux langues devient donc une compétence fort recherchée. D’expérience – encore une fois – ce genre de perles rares est plus souvent d’origine flamande que l’inverse.
  2. Les responsables éditoriaux sont bilingues. Si vous voulez mener une politique de création de contenu linguistiquement neutre, il est important que les équipes rédactionnelles comprennent à la fois des francophones et des néerlandophones. Conséquence: il est beaucoup moins coûteux de disposer de responsables éditoriaux capables de relire des textes dans les deux langues. Faute de disposer de cette compétence, vous serez en effet condamné à traduire le texte dans la langue du responsable, puis à faire refléter les modifications dans le texte original par un autre traducteur. Coûteux en temps et en argent. Disposer de responsables éditoriaux bilingues est donc un plus. Au fil des collaborations, nous n’avons pas constaté de déséquilibre marqué dans la répartition linguistique de ces perles rares. Ils sont aussi difficiles à trouver de chaque côté de la frontière.
  3. Les secrétaires de rédaction sont bilingues. La plupart du temps, de tels collaborateurs sont des merles blancs. Chez Ex Abrupto, nous n’en connaissons que deux, et leur valeur ajoutée est immense dans les projets auxquels elles participent. Car elles repèrent de petites incohérences entre les deux textes qui ont pu échapper à l’oeil pourtant aiguisé des chefs de projets.

Les dialectes, fléau du Nord du pays ?

Un problème particulier à la Flandre nous a particulièrement frappés au cours des trois dernières années: les spécificités régionales dans la rédaction. Notre attention a été attirée sur ce phénomène grâce au travail régulier avec un petit nombre de traducteurs et de journalistes flamands au cours des dernières années. En effet, il nous est arrivé à plusieurs reprises de recevoir des retours très contrastés sur leur travail selon le client. Les uns trouvaient la langue excellente, alors que d’autres avaient tout réécrit de A à Z. Un des coworkers du Betacowork, qui a dirigé pendant des années le bureau de traduction qu’il a fondé, nous a fourni une explication plausible. Selon lui, les particularismes régionaux sont apparemment assez visibles dans les textes de nombreux rédacteurs. Et donc, l’appréciation que ceux-ci reçoivent dépend au moins en partie de l’origine du relecteur. Sa solution? Assigner au projet un rédacteur ou un traducteur originaire de la même région. À notre humble avis, cette solution constitue un emplâtre sur une jambe de bois. Mieux vaut essayer de dénicher des rédacteurs ou des traducteurs capables de préparer un texte exempt de régionalismes. Après tout, n’est-ce pas à cet effet que l’Algemeen Beschaafd Nederlands a été créé ? Certains diront qu’il a été imposé par les Néerlandais, mais n’entrons pas dans ce genre de querelles, d’autant que les Capétiens ont fait beaucoup pour éradiquer les dialectes en France, et que la structure très centralisatrice de l’Etat français a terminé le travail d’uniformisation de la langue.

Balle au centre

Au final, la création de contenu multilingue reste plus que jamais un exercice difficile. Et c’est aussi ce qui fait la beauté de ce métier, quelle que soit l’origine de ceux qui le pratiquent. ?