Règles de rédaction: 10 astuces pour écrire un texte facile à lire
Ecrire, c’est bien. Etre lu, c’est mieux. Vous faire comprendre, c’est encore mieux! Mais comment? En rédaction comme partout, c’est avant tout la simplicité qui paie. Voici quelques trucs et astuces de copywriter pour améliorer vos textes.
Lors d’une conversation récente, une lectrice me demandait quelques règles simples à communiquer aux rédacteurs chargés de préparer les syllabus de l’organisme de formation pour lequel elle travaille. En réalité, créer un texte clair, facile à lire et à comprendre répond aux mêmes exigences quel que soit le texte: un article de blog, un post pour les médias sociaux, un white paper, un email de travail, une newsletter ou un syllabus!
Parmi les dix astuces d’écriture que je vous livre ci-dessous, les cinq premières concernent le travail de préparation et de structuration. Les cinq autres concernent le style et l’écriture simple. Vous y trouverez donc tout ce que vous avez besoin pour cartonner avec vos futurs textes!
1. Pensez à votre lectorat
Pour reprendre la devise de la série américaine “Esprits Criminels”, vous devez « penser comme un criminel pour attraper un criminel » (‘to catch a criminal, you have to think like a criminal’).
Comprendre votre public cible, c’est prendre un moment pour vous intéresser à:
- ses connaissances (attention en particulier à la malédiction de la connaissance, dont nous avons déjà parlé sur ce blog)
- le niveau de langage auquel il est habitué
- ses préoccupations et ses besoins
- ses questions
- la valeur ajoutée qu’il retirerait de l’utilisation de votre produit/service (et l’enseignement est un service)
2. Structurez vos contenus
Il n’y a rien de pire qu’un article (une vidéo, une présentation, une infographie, un podcast) décousu, sans fil conducteur et sans connecteurs logiques entre ses différents éléments.
Plus votre contenu sera long, plus le manque de structure se fera sentir. N’oubliez pas que votre lecteur, surtout sur le web, est sans pitié. S’il ne comprend pas ou vous voulez en venir, il décrochera. OK, moins vite si vous rédigez un syllabus, parce qu’il sera obligé de le lire. Mais le décrochage se fera de toute manière sentir lors de la restitution de la matière ou de sa mise en oeuvre.
Vous avez donc tout intérêt à préparer un petit plan avant de commencer à écrire. Pour les contenus les plus courts, quelques lignes sur un morceau de papier feront l’affaire. Pour les contenus plus longs, une formule plus structurée ne sera pas inutile.
Astuce perso: lorsque je dois rédiger un article de blog, je prépare un petit “outline” dans mon logiciel de rédaction:.
- Je crée les différents sous-titres, qui correspondent chacun à une idée (voir le conseil suivant)
- Je note quelques mots clés qui me permettront de me souvenir des différents éléments que je veux aborder.
- Si la base de l’article est une interview, je fais des copier-coller des extraits qui serviront de base à l’écriture.
Avoir ce plan me permet de juger de la cohérence du texte. Et donc de le réorganiser si nécessaire. L’avantage de commencer par un plan est changer l’ordre de présentation ne coûte quasi rien à ce stade. Alors que si vous vous rendez compte en cours de rédaction que votre plan n’est pas idéal, que vous avez oublié quelque chose, ou que tel élément aurait gagné à être abordé avant ou après tel autre, c’est une autre paire de manches. En général, le copier/coller bête et méchant ne suffira pas: vous devrez effacer, réécrire, transformer. Avec à la clé une fameuse perte de temps!
3. Utilisez un paragraphe par idée
C’est une vieille règle d’écriture journalistique, mais elle reste toujours valable. Non seulement elle facilite la lecture, mais elle vous permet également, conjuguée à l’astuce précédente, de vous assurer au préalable de la taille que prendra votre article.
Supposez que vous souhaitez évoquer dix idées, et que vous disposez d’un espace de 5.000 caractères. Vous avez donc la place pour dix paragraphes de 500 caractères. En réalité, moins, car vous devez aussi compter le titre, l’intro et les intertitres. Comptez donc 400 caractères par idée. Ca fait très peu. Donc soit vous augmentez la taille disponible, soit vous devrez réfléchir aux idées que vous pourriez décider de ne pas mentionner dans l’article.
4. Faites appel aux exemples et au storytelling
Pour rendre votre contenu plus intéressant, vous disposez de deux outils supplémentaires: les exemples et le storytelling.
- Les exemples permettent de montrer à votre cible des applications concrètes de ce que vous écrivez. Vous en trouverez plusieurs exemples (justement) dans les 3 astuces précédentes.
- Le storytelling consiste, comme son nom l’indique, à raconter une histoire. Cette histoire peut être courte ou longue, selon la place dont vous disposez. Pour bien faire, une bonne histoire suit en général un arc narratif simple.
- Suite aux événements, le héros fait face à une quête, à un défi, qu’il décide de relever
- Chemin faisant, il rencontre une série d’obstacles qu’il doit surmonter
- Il finit par en triompher et reçoit la récompense imaginée, voire plus. Accessoirement (ou pas si accessoirement que ça), il ressort transformé de sa quête: il est devenu une meilleure version de lui-même.
Dans un article comme celui-ci, le storytelling est plus difficile à “caser”, car chaque paragraphe doit rester suffisamment concis pour éviter de terminer avec un texte beaucoup trop long. Mais vous remarquerez que l’introduction contient une petite histoire: celle de la genèse de cet article.
5. Créez de la proximité avec votre public cible
Pour créer de la proximité avec votre public, vous disposez de deux leviers d’action:
- Des exemples et un storytelling centrés sur sa réalité: en principe, si vous connaissez votre public, vous pouvez utiliser leur quotidien, leurs frustrations, leurs problèmes. Plus vos exemples seront proches de leur vécu, plus vos conseils ou vos recommandations prendront du poids.
- L’utilisation de la 2e personne: vous adresser directement à votre public permet d’entrée de jeu de supprimer la distance liée à la troisième personne. C’est évidemment plus facile dans un article que dans un syllabus. Et parfois, la distanciation créée par l’utilisation de la troisième peut avoir son utilité. Par exemple lorsque vous soulevez un problème que vous ne voulez pas directement attribuer à votre lecteur. Une phrase comme “Certains rédacteurs ne consacrent pas assez de temps à la réflexion sur leur public cible” est plus “légere”, moins accusatrice que “vous ne consacrez sans doute pas assez de temps à la réflexion sur votre public cible”.
Vous voilà à la moitié de l’article. Félicitations! Comme il est fort long – mais j’espère très informatif – vous avez droit à une petite récompense. Versez-vous un verre de votre boisson préférée et dégustez-le à votre propre santé!
Les cinq conseils qui suivent concernent l’écriture proprement dite. Ils vous aideront à peaufiner votre texte une fois que vous aurez terminé le premier jet. Les respecter chaque vous que vous écrivez vous permettra aussi d’uniformiser votre style, de le rendre cohérent à travers toutes vos productions.
6. Adaptez votre syntaxe et votre vocabulaire à vos lecteurs
Le niveau de complexité de vos phrases dépend entièrement de votre public cible. Si vous écrivez pour le grand public, prenez soin d’éviter les termes de jargon ou les abréviations peu connues, à moins de donner chaque fois une explication ou une définition. Gardez-vous aussi des termes de vocabulaire trop compliqués ou peu usités (j’aurais pu dire “peu utilisés”, mais je voulais justement donner un exemple). En revanche, si vous écrivez pour un public spécialisé, utiliser son jargon vous permet de créer plus de proximité.
Je prends souvent l’exemple, dans mes formations, d’un bureau d’avocats. Si ces avocats sont spécialisés en droit familial, ils auront tout intérêt à simplifier leur langue afin de ne pas intimider leur public, qui n’a souvent que de très vagues notions de droit et ne connaissent pas une grande partie des termes juridiques. S’il s’agit au contraire d’avocats d’affaires qui conseillent les départements juridiques de grandes entreprises, ils ont au contraire intérêt à utiliser le jargon de la profession, puisque leur public cible est constitué de juristes hautement qualifiés.
7. Adressez-vous directement aux lecteurs (si possible)
Nous avons déjà évoqué ce conseil dans le paragraphe sur la proximité. La relecture est le moment idéal pour vérifier si le niveau de personnalisation de votre texte est adéquat, et surtout cohérent. Parmi les missions que nous effectuons régulièrement figure le retravail de documents écrits par nos clients. Un des défauts « classiques » est l’absence de cohérence dans l’utilisation de la deuxième et troisième personne. Rien n’empêche d’utiliser l’un ET l’autre, nous l’avons déjà évoqué ici, mais il faut vous fixer des règles que vous respecterez de bout en bout.
8. Diminuez le nombre de subordonnées dans vos phrases
Les subordonnées que vous imbriquez les unes dans les autres pendant que vous développez les arguments qui vous passent par la tête, que vous avez, je n’en doute pas, bien pleine, ne rendent pas la lecture particulièrement aisée, comme le démontre cet exemple. En général, vous pouvez facilement simplifier vos phrases pour éviter cet écueil. Cela vous permettra par le même occasion de structurer et de préciser votre propos.
La preuve? “Évitez d’imbriquer les subordonnées les unes dans les autres. Souvent, c’est le signe d’une pensée confuse: vous empilez les précisions au fur et à mesure de la rédaction. C’est le signe d’un foisonnement d’idées, mais c’est aussi un grand risque de perdre les lecteurs. »
9. Évitez la voix passive
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. La voix passive peut avoir son utilité. Elle permet:
- d’introduire une distanciation: “dans certains ouvrages, il est recommandé de recourir à la voix passive. Ce n’est pas notre opinion. »
- de créer ou renforcer une impression de neutralité ou d’objectivité: “selon la majorité des copywriters, la voix passive doit être évitée »
- d’ajouter un élément dramatique, une sensation de passivité, justement. Lorsque vous lisez “la victime a été poignardée à de multiples reprises”, vous réalisez l’horreur et l’impuissance qu’a dû ressentir cette personne. Beaucoup plus que lorsque vous lisez “le forcené a poignardé sa victime à de multiples reprises”
Son utilisation intentionnelle peut donc ajouter une vraie plus-value à votre texte. Mais lorsque vous en parsemez inconsciemment vos phrases (et non lorsque vos phrases en ont été inconsciemment parsemées), l’effet général est de rendre vos idées plus difficiles à comprendre. La voix passive inverse en effet l’ordre de lecture. Dans “le lapin mange une carotte”, vous avez le sujet (celui qui fait l’action), le verbe (l’action) et le complément (l’objet de l’action, ici). C’est l’ordre auquel nous sommes le plus habitués. “Une carotte est mangée par le lapin” vous impose de lire la phrase jusqu’au bout avant de comprendre l’ensemble. C’est un effort supplémentaire pour les lecteurs.
10. Variez la longueur des phrases
Dernier conseil: mettez du rythme dans votre prose! Utilisez les phrases interrogatives et exclamatives pour rompre la monotonie. Alternez phrases courtes et phrases longues. Osez les phrases sans verbe. Bref, variez les plaisirs, vos lecteurs vous remercieront. Je veux dire par là qu’ils liront votre prose jusqu’au bout!
Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’écriture simple. Vous l’aurez compris, bien n’écrire n’est pas qu’une question de syntaxe et de vocabulaire. C’est même avant tout une question de structure. Améliorer votre style est l’élément cosmétique qui ajoutera cette petite touche magie supplémentaire. Mais que nous parlions de structure ou de style, le plus important reste de tenir compte de la cible que vous visez. Une bonne connaissance de votre lectorat est indispensable pour calibrer tous les éléments évoqués. Ce n’est pas pour rien que c’est le tout premier conseil de cet article.

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